Le Petit Reporter du 73
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Publié il y a 5th August par Le Petit Reporter
Simona Ferrante est une passionnée, de littérature, d'écriture, de livres et de rencontres. C'est de cette passion qu'elle a tiré l'énergie pour créer sa propre maison d'éditions, à Chambéry. Enseignante, auteure et éditrice, après plusieurs années d'angoisse à attendre le retour des grandes maisons d'éditions parisiennes, elle a dû faire un choix : ranger son stylo ou créer sa structure. Et c'est chose faite depuis le 1er mars 2020 au travers d'une maison d'éditions qu'elle a créée de ses mains, fruit de sa passion.
"Pendant dix-sept ans j'ai fait quelque chose qui ne me correspondait pas, je me suis dit que je me devais à moi-même d'aller au bout de ma passion. Je n'y ai pas renoncé". Avec ces quelques mots, Simona Ferrante plante le décor : l'écriture et la lecture la définissent, depuis l'enfance. Arrivée à Chambéry il y a 18 ans, elle a secondé son mari dans un commerce de la cité des Ducs. Pas par passion mais plutôt par devoir, elle s'est impliquée pour faire vivre l'activité, jusqu'à la vente en septembre 2019. "Je devais faire quelque chose qui me plaisait, sinon je n'aurais pas été capable de faire quoi que ce soit d'autre", souligne-t-elle. Professeure de langue et littérature roumaine dans son pays d'origine, passionnée d'écriture et de lecture, Simona Ferrante a nourri le feu de cette passion avec assiduité chaque jour, allant même jusqu'à publier des poésies dans des journaux roumains jusqu'à passer le cap du manuscrit.
"Si je ne publiais pas mes manuscrits, j'aurais vécu pour rien"
Le problème est connu désormais, et encore plus depuis un sondage réalisé par Librinova et le magazine Lire paru le 11 mars 2019: près de 5 millions de manuscrits dorment dans les tiroirs, car plus de la moitié des français rêvent de publier un livre. Et pour nombre d'entre eux, cela reste un rêve, inaccessible, tant les maisons d'éditions traditionnelles sont sélectives. Les refus ? Simona Ferrante y a goûté, ce qui lui aurait presque fait renoncer à sa raison d'exister. "J'ai reçu plus d'une vingtaine de refus pour les manuscrits que j'ai envoyés à des maisons d'édition", explique-t-elle, "je ne pouvais pas aller plus loin si je restais dans le refus de ce qui me passionnait. A chaque fois que j'envoyais un manuscrit, je vivais dans l'attente d'une réponse, je me jetais dans l'aventure toute entière. Tous les jours je vivais à l'extérieur de moi, je me couchais chaque soir avec l'idée que le lendemain je recevrais une réponse. Et j'ai eu tant de refus, que j'ai décrété il y a deux ans que je n'écrirais plus un mot. J'ai même arrêté la lecture, jusqu'à ce que je réalise que j'étais en train de détruire tout ce qui est était important pour moi." Lectrice au Festival du 1er roman de Chambéry, elle rêve de pouvoir y participer en tant qu'auteure, espérant surtout que le comité reconnaisse les auteurs auto-édités comme des auteurs à part entière. "Nous devrions nous regrouper, pour faire entre notre voix", clame-t-elle, "il faut laisser vivre le paysage littéraire. Gagner les concours n'est pas le plus important, ni que mon livre devienne un best-seller, mais simplement de pouvoir être reconnu en tant qu'auteur." La question est encore en suspens, par ailleurs, puisqu'un décret sur le sujet était en projet avant le confinement, au ministère de la Culture : un livre sur cinq est en effet enregistré au dépôt légal en auto-édition. Simona Ferrante a donc dû trouver un compromis, et c'est en créant sa propre maison d'édition qu'elle réalise "que je n'ai pas besoin de dépendre de qui que ce soit pour réussir."
Du projet aux projets littéraires
Du rêve à la réalisation, il a fallu sauter le pas. Une fois au chômage, après la vente du commerce familial, Simona a monté un projet avec le Pôle Emploi. Elle est à présent auto-entrepreneure, et édite ses propres ouvrages, pour enfants et pour adultes, avec Rafael Editions, tirant ses revenus de la vente desdits ouvrages. Pour le moment, éditer d'autres auteurs n'est pas encore au programme sauf "si j'ai un coup de cœur pour l'un, c'est à voir, pour le moment, c'est la partie financière qui est encore compliquée, tout ce que j'investis, c'est avec mes propres moyens pour le moment", explique la néo-éditrice, "j'apprends le métier d'éditrice sur le tas, je pose beaucoup de questions, je me renseigne, il y a tellement de choses à connaître, mais c'est un grand plaisir qui me remplit." Car ce n'est pas tout d'écrire il faut aussi vendre les livres. Pour ce faire, le seul moyen est de courir les salons, les séances de dédicace. Les prochains auxquels elle participera seront à Belley et à Grésy-sur-Isère*. "Si dix lecteurs lisent le livre, et que cela leur apporte quelque chose, j'aurai tout gagné", sourit-elle. En attendant, elle a participé à des séances de dédicaces au café du Biollay de Chambéry et s'apprête à dédicacer ses deux ouvrages à Aix-les-Bains, à la maison de la presse**. "Pour le moment, mes livres sont bien accueillis par le public", confie celle qui a puisé dans sa propre expérience, pour écrire le roman "Promesses", "les gens sont intéressés par le domaine, attirés par la curiosité, parce que c'est un roman qui parle d'une expérience vécue, de choses de la vie d'une jeune femme roumaine, qui décide d'émigrer, alors qu'elle a vécu le communisme jour après jour, et qui y trouve un échappatoire." Quatre ans après avoir compris qu'elle n'avait nul besoin de l'accord des autres pour vivre de sa passion, Simona Ferrante a déjà entrepris l'écriture d'un second ouvrage pour enfants, d'un deuxième roman, et d'une série "d'histoires très courtes", qu'elle souhaite intituler "mots voilés", puisqu'elles contiennent tous les mots que l'on ne s'autorise pas à dire, "mais que je m'autorise" qui sortira d'ici l'année prochaine.
En matière de rythme, l'auteure-éditrice chambérienne souhaite dans l'idéal sortir deux livres par an maximum, pour lui laisser le temps de vivre, et de faire les salons. Mais ce ne sont pas là ses seuls projets. Simona Ferrante espère aussi pouvoir renouveler à Chambéry une expérience déjà réussie à Saint-Alban-Leysse, en faisant participer des enfants d'écoles maternelles pour illustrer son livre pour enfants. "J'ai fait la demande à la mairie de Chambéry, un peu hors délai, mais j'espère qu'elle me sera accordée pour les illustrations du second ouvrage." Beaucoup de passion, donc et un passage à l'action qui démontre qu'en ne renonçant pas, tous les rêves sont à portée de main.
Laura Campisano Journaliste - Le Petit Reporter
@LauraCampisanoJournaliste · Société de médias/d’actualités
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